Histoire d’une restauration

                   Voici l’histoire succincte de cet ancien monument. Ville neuve, « villa nova », domaine foncier gallo romain : ici idéalement situé à la frontière du pays angevin et du Poitou, la rivière du Layon formant une frontière naturelle. La famille qui était propriétaire du domaine jusqu’à la fin du XVI ème siècle  était les « Villeneuve du Cazeau ». Il a ensuite appartenu à P. Boreau de la Besnardière, puis à la famille de Monticourt puis au Prince de Croÿ qui nous l’a vendu en 1986. Les travaux de rénovation se poursuivent depuis ce temps !

         Sur le plan architectural, nous avons l’exemple typique d’une habitation seigneuriale où les parties agricoles côtoient les parties les plus nobles. Mais ici une particularité est cette disposition qui ménage une grande cour centrale.

Un jardin inspiré d’une enluminure du roman de Renaud de Montauban (XVe siècle) y a été créé en 1991 (avec le conseil du Professeur Grimal).

Un périmètre unique enserre demeure et exploitation. Dans le rectangle ainsi délimité l’habitation du maître (logis au Sud) délimite deux ensembles : d’un côté le jardin noble (terrasse Sud en cours d’aménagement) mi ornemental mi potager au XVe, sur lequel ouvrent les principales croisées du logis, de l’autre, la cour utilitaire autour de laquelle s’alignent granges, étables, écuries, habitats de serviteurs, pressoir, chapelle dédiée à St Sébastien, fuie à pigeons. Les façades aveugles de ces bâtiments agricoles formaient protection et une clôture entoure l’ensemble.

         Le châtelet d’entrée, avec ses portes charretière et piétonnière a été vraisemblablement édifié au XIIe. Remarquez la voussure particulière à 3 claveaux (qui ressemble à celles de la tour maitresse du château de Martigné Briand). A sa droite, la chapelle St Sébastien. Nous avons les copies des dessins en couleur exécutés par François-Roger de Gaignières (1642-1715) des vitraux et des gisants. On devine sur sa façade les ouvertures en ogives cintrées. Celles-ci ont été agrandies pour faciliter l’accès des céréales lors de la transformation en ferme du domaine à la fin du XIXe. La fuie ronde à pigeons, qui se situait sur le côté est, a été démolie à cette même époque pour laisser place à des porcheries que nous avons enlevées. De même, la toiture de la tour d’escalier du logis fut arasée.

Approchons maintenant du logis.

         Le  logis possède le plan fondamental des demeures seigneuriales de l’Anjou : présence d’une grande salle au rez de chaussée, lieu de vie communautaire du seigneur et 4 chambres à l’étage avec une tour de latrines à chaque pignon, une tour d’escalier dont l’entrée se distingue par un élément décoratif, ici un immense linteau monolithe avec accolade. Aujourd’hui cet escalier est hors œuvre alors qu’à l’apogée du château, celui ci était semi engagé. En effet, une galerie reliait la tour d’escalier au bâtiment de gauche. Le rez de chaussée s’ouvrait à l’extérieur par 3 arcades et un déambulatoire-galerie ouverte vers l’extérieur existait à l’étage. Un retour d’angle rejoignait le bâtiment agricole au dessus des caves. Cette partie a été démolie par un des propriétaires du XVIIe pour laisser la place en extérieur à une travée classique et à l’intérieur à un escalier rampe sur rampe pratiqué dans le corps de bâtiment. Il voulait ainsi transformer la maison entre  cour et jardin. La cheminée du rez-de-chaussée avait disparue tandis que celle de l’étage restait suspendue. En démontant ces degrés nous avons retrouvé de nombreux éléments sculptés de la cheminée permettant de la recréer intégralement.

Chaque pièce possède sa cheminée monumentale, y compris à l’étage. Le chauffage se fait aujourd’hui par géothermie pratiquée sur la terrasse sud et pompe à chaleur dans la base de la tour de latrines est.

         Maintenant, voyons la façade Sud. Vous pouvez admirer la vue au delà de la rivière du Layon vers Tigné légèrement sur votre gauche, les châteaux du Petit Riou et du Grand Riou en face puis Aubigné sur Layon à votre droite.

Nous sommes ici dans ce qui était le jardin noble potager semi-ornemental en forme de terrasse que nous recréons dans le goût italien. Nous avons bien une construction du XVe avec fenêtres à meneaux et traverses. Les croisées du niveau bas étaient protégées par des grilles. Le logis se termine par un pavillon massif qui possède une lucarne postérieure (XVIe), seule partie en tuffeau du logis, qui donnait sur la chambre du régisseur du domaine. Un décor « à fenestrage » orne la grande souche de cheminée. Le mur qui soutient cette terrasse s’est malheureusement effondré en Décembre 2006 suite aux travaux de géothermie dans le sol et à des pluies importantes. Nous l’avons entièrement restauré (65 toupies de béton, 3 tonnes d’acier et 95 m3 de pierres !)

         Le château de Villeneuve à Martigné Briand – Terranjou n’a maintenant presque plus de secrets pour vous…

F.Vandangeon

Bibliographie :

– A.Sarrazin, Vieux logis en Anjou, imp. Farré, 1979

– V.Manase, V.Orain, C. Cussonneau, La maison  seigneuriale  dans l’Est de l’Anjou

– Archives départementales de l’Anjou, séries D et E.

– Eric Zeimert, Joêl Cornec, sondages archéologiques, AFAN, SRA Pays de la Loire, 1995

– B.Barreault, F.Vandangeon, D’hier à demain, Martigné Briand, Hérault Ed. 1984

Propriétaires membres de :

Association des Vieilles Maisons françaises
Association  Maisons paysannes de France
Association de sauvegarde et protection des jardins de l’Anjou
Société d’horticulture de l’Anjou
…etc